Million Dollar Baby
Un film de Clint Eastwood
D’après l’œuvre de F.X Toole
Avec Clint Eastwood, Hilary Swank, Morgan
Freeman…
Critique élogieuse, public enthousiaste, récompenses à la pelle, Million Dollar Baby est déjà l’un des succès de l’année.
Et ce succès est loin d’être usurpé.
Clint Eastwood signe ici son meilleur film, une œuvre qui s’inscrit dans le registre de ces dernières réalisations comme Mystic River ou Créance de Sang. Il a su revenir à un registre qui n’est pas sans rappeler Breezy (1973) où il mettait en scène, certes avec plus de modestie, l’histoire d’une jeune fille énamourée d’un homme plus âgé.
Million Dollar Baby est un film qui se penche sur l’homme et ses sentiments : la peur, le courage, le regret, l’absence, l’éducation, le combat contre soi, l’espoir et le désespoir.
Eastwood filme et se filme alors qu’il vieillit, et ses œuvres se bonifient avec le temps. Cela peut sonner comme un testament cinématographique mais ce n’est pas encore le glas qui sonne pour Eastwood, c’est la réussite critique, plus enthousiaste que pour ses œuvres des années 80.
Million Dollar Baby raconte l’histoire de Frankie Dunn, entraîneur et gérant d’une salle de boxe, qui voit un jour débarquer Maggie Fitzgerald, jeune femme décidée à devenir championne de boxe.
Réticent au début, mais ayant perdu son poulain, il accepte de l’entraîner.
Eastwood a choisi le milieu de la boxe pour illustrer son histoire, mais il aurait pu choisir un autre milieu sportif ou social.
Car il ne raconte pas une histoire sportive mais une histoire humaine.
Très bien mis en scène et photographié, Eastwood affine un style qui nous renvoie à celui de Mystic River, où il laisse les personnages vivre face à la caméra, dans des silences et des regards qui en disent parfois longs.
On peut regretter une fin un peu trop chargée, mais la rupture dans le récit donne un nouveau ton à l’histoire et malgré l’opposition des deux récits, ceux-ci se rejoignent et s’entrechoquent. Face à Maggie, Dunn se retrouve et termine son chemin de rédemption, le pardon qu’il cherche à s’accorder après avoir provoqué la perte de l’œil de son ami Scrap, boxeur de talent s’occupant de la salle de boxe avec lui. Pour Eastwood, c’est aussi un retour aux sources de ses propres racines irlandaises, qu’il évoquait déjà dans Mystic River. Ici c’est en lisant
Eastwood incarne Frankie Dunn dans un de ses meilleurs rôles. Car il incarne Dunn mais il s’incarne lui-même. L’homme vieillissant, cherchant ses racines, c’est bien Eastwood.
Dans le rôle de Maggie, Hilary Swank, oscarisée pour ce rôle (déjà son second Oscar après celui de Boys don’t cry) est épatante, gracieuse, touchante.
A leurs côtés, Morgan Freeman qui tient un rôle empli d’humilité, dans l’ombre du duo de la championne et de son entraîneur. Pourtant son rôle est extrêmement important à l’histoire, puisqu’il symbolise la présence, la conscience rédemptrice de Frankie Dunn.
Le trio de comédiens insuffle au film une force qui ne se dément pas du début à la fin et qui en fait un sommet.
Sans aucun doute l’un des meilleurs films de 2005.
Arnaud Meunier
27/03/2005